Sylvie Durbec,
En résidence à la Maison de la Poésie de Rennes

vendredi 23 novembre 2012

Sans être un paria, le sans patrie s'en va



Il s'en va, muni des cadeaux de ses amis.
Il s'en va.
Avec un poème:

"- Ma Patrie... elle est par le monde;
Et, puisque la planète est ronde,
Je ne crains pas d'en voir le bout...
Ma patrie est où je la plante :
Terre ou mer, elle est sous la plante
De mes pieds - quand je suis debout."

Tristan Corbière, in Le Paria

Ou des livres.
Ou des choses petites à enfouir dans ses poches et sa mémoire.
Cailloux, débris de bois de mer, boucles et paroles, tout.
Rien ne lui manquera s'il mène à chef sa route.
S'il ne s'égare pas dans de mauvais rêves.
Et si les bonzoms continuent à proliférer autour de ses pas.
Il pourrait ici écrire des noms.
Il aime, a aimé les listes.
Mais là, non, la couleur rose suffira à son chant.
Ce ne sera ni plainte, ni thrène.


Ce qu'il aura laissé, il l'aura emporté.
Sable de la plage qui se perd dans les poches trouées, mais non.
Un arbre continuera à lui parler la langue paternelle.

De si loin, mais voix proche et de bon conseil.
Le sans patrie peu à peu dressera les plans de sa patrie portative.
Sans plus d'inquiétude qu'au Beauséjour?
A chercher, à trouver. Petites routes nouvelles.

canal st Martin, hier

Voilà ce que se dit le sans patrie ce matin, devant la mer, à La Rochelle.

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