Sylvie Durbec,
En résidence à la Maison de la Poésie de Rennes

vendredi 9 novembre 2012

Rouge au sol, rouge sur l'arbre!

Je repars aujourd'hui vers hier.
Je reviens dans la forêt de Fougères.
Encore des trouvailles.
Une tache rouge dans le noir et or du sol.
Un plant de chrysanthèmes.
Et voilà des questions en nombre.
Levant les yeux, une rose rouge dans un papier de cellophane accrochée à un arbre où sont gravées des initiales. PK.

photo Serge Prioul


Ailleurs au bord des routes, dans des textes aussi, de bouquets de fleurs parlent de vivants tués dans des accidents. Souvent ce sont de jeunes morts. Revenus d'une fête et jamais rentrés à la maison.

Théorie des maisons. Théorie des arbres.
Ce mot de théorie n'a pas toujours un sens abstrait, mais"... un sens modeste, celui d'un défilé, d'une procession, voire d'une fête..."(Benoît Goetz)
Soutine peignait des maisons qui ressemblent à des arbres en fête.
Une fleur rouge éclate dans la forêt, accrochée à un arbre.
La fête est colorée.


Qui est mort dans la forêt de Fougères à deux pas du cordon des druides?


Lu sur Ouest France en date du 25 août :
Philippe Camby, druide et écrivain originaire de Fougères (Ille-et-Vilaine), est décédé hier, 24 août, à l'âge de soixante ans. Il avait créé, en 2001, sa propre maison d'édition, l'Arbre d'or, spécialisée dans le téléchargement d'ouvrages en ligne. C'est également à lui que l'on doit la création de l'école druidique d'Helvétie, fondée dans le canton de Neufchâtel, en Suisse. 

Surprise, je retrouve la Suisse là où je ne l'attendais pas, et, dans une traduction de Philippe Camby, trouvée sur internet ce poème celte:


J’ai entendu qu’il y avait une maison à construire
à Tuaim Inbhir
Et il n’y a pas de maison plus propice
avec son soleil et sa lune
avec ses étoiles

Et les textes? Y a-t-il un bon moment pour les commencer? 

Cet heimatlos 
que certain compagnon porte avec lui
comme enfant trouvé
construira-t-il sa maison
où il essaie de loger
sa patrie portative?

Et pour les terminer, y aura-t-il un signe?
J'avance dans la nuit de Rennes et je cherche des yeux la mer.
Elle seule peut me dire, elle seule.
Mais résiste le granit, résiste la forêt. La couleur bleue ici n'existe pas. 
(On m'a pourtant dit que certaines pierres grises étaient dites bleues.)
Je me demande si le jardinier du Thabor connaît l'existence de la rose Soutine.
Je me demande si la rose épinglée sur le hêtre de la forêt de Fougères est une rose Soutine.
Et j'ignore la réponse, et j'ignore pourquoi Soutine et le bleu souffrent ensemble.
En guise de réponse, l'incertitude.


(Les anciens Irlandais ne commençaient pas un chantier de construction d’une maison avant que le bon moment
pour le débuter ait été déterminé par un astrologue. )





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