Tunisie/poésie
Est-ce
que la beauté peut apaiser la colère ?
Cette
nuit j’ai remarqué que Tunisie se termine comme poésie, en français.
Oui,
et alors ?
Elucubration
insomniaque.
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La Marsa, janvier 2009 |
Je
ne crois pas que la poésie puisse dire ce que nous avons ressenti hier, quand
la mort de Chokri Belaid a été annoncée.
Je
ne sais pas dire/écrire/ les sentiments qui m’ont traversée durant la journée.
Et
encore ce matin.
Pourtant
dehors le matin s’est levé, glacial et rose.
Annonçant
le mistral.
Voir
ou ne pas voir le Mont Ventoux de sa fenêtre.
Depuis
plusieurs jours le vent.
Froid,
violent et là-haut, la neige.
A
presque 2000 mètres.
Celle
dont je rêve, rose et légère au coucher de soleil.
Frissonnante
du pas des chevreuils.
De
la fenêtre, vent, feuilles en valse, cyprès secoués et l'arbre mort, celui que
le voisin irascible a tué.
Mais
pas le Mont Ventoux, royal et enneigé, à qui nous tournons le dos.
A
un moment de la route que je prends pour revenir à la maison, il surgit,
impeccable de blancheur, là-bas, pas très loin en réalité, mais inaccessible.
Fouji
Yama du sud, isolé et élégant comme jamais.
Il se tient entre la plaine et la
colline et disparaît dès que j'approche de la maison.
Depuis
ma fenêtre je ne vois qu’un bout de colline, un toit et de la terre labourée.
Quelques arbres et au loin là-bas, la Tunisie. Lorsque l’avion vire, la mer
éblouit.
Et
les rochers. Quelques îlots. Et puis Tunis.
Algérie,
Tunisie.
Deux
pays qui sont au cœur.
Alger
depuis Marseille. Zohra perdue, jamais revue.
Comme
notre jeunesse. Perdue ?
Alors
que vient faire la poésie là-dedans ?
Heureusement
elle existe comme le Ventoux.
Comme
la Tunisie et les îles de Kerkennah.
Se
bornant tendrement à finir comme elle, bordée par la mer.