Sylvie Durbec,
En résidence à la Maison de la Poésie de Rennes

mercredi 28 novembre 2012

Punk Heidi : l'heimatlos, Durbinette et Louise Bourgeois

Nathalie Guen me l'a écrit: heimatlos a été le nom d'un groupe, le premier groupe punk hard rock français.
Des sans patrie, des musiciens.
Nathalie a oublié de préciser les dates où le groupe existait, de 1983 à 1988, surtout en Allemagne, pour justifier peut-être le choix du nom.

Il y a eu aussi avant eux un film, en 1958, qui l'avait choisi comme titre. Un film allemand avec une actrice morte en 1961, Marianne Hold.
Et bien avant, en 1878, Heimatlos est le titre d'un livre pour la jeunesse, écrit par Johanna Spyri, écrivaine suisse vivant à Zurich. Ce qui explique que ses romans aient été écrits en allemand.
La même qui créa Heidi et ses aventures, a aussi publié son Heimatlos.
Bizarre, ce goût qu'elle avait pour les mots commençant par HEI.
Je découvre aussi que le vrai nom d'Heidi est Adelheid. Heidi est dérivé de son prénom.

Sans père ni mère, et sans maison, Heidi est une heimatlos. Orpheline, pauvre, l'enfant est amenée chez son grand-père par sa tante qui a trouvé à se placer dans une famille riche de Zurich. Le vieil homme est un sauvage qui vit solitaire dans son petit chalet d'alpage.

Punk Heidi!
La Suisse nous rattrape. Une Suisse des pauvres et des riches.
Qui m'a offert les aventures de la petite Heidi, vaillante orpheline suisse?
Ma mère qui admirait tellement le pays d'où venait sa grand-mère?
Mon père qui savait mon goût des histoires?
Peut-être ma marraine. Elle habitait rue Paradis et avait de l'asthme.
Je la redoutais un peu. Toujours à me surveiller du coin de l'oeil. Que pouvait devenir une petite fille solitaire comme je l'étais, née à un mauvais moment, entre des parents qui se la disputaient?
Heidi=Durbinette?
C'est le nom que m'a donné une autre heimatlos. E.A.
Heidi/Heimatlos/SD.

Ma mère avait en elle ce sentiment d'exil. Son vrai pays, son Heimat, c'était la Suisse. Ensuite, s'il fallait choisir la France, il n'y avait que Marseille pour faire patrie. Ma mère n'est jamais allée en Suisse. Maintenant qu'elle est morte, je vais l'y conduire.


Peut-être trouverai-je une tombe, un monument où sera inscrit le nom de sa grand-mère?
La tombe de Johanna Spyri est étonnante. Encadrée de deux croix, une pour son mari et une pour son fils, morts la même année, en 1884, la sienne est plus grande et ne comporte aucune allusion à la petite heimatlos qui la rendit célèbre. C'est après leurs morts qu'elle se mit à écrire vraiment, dit la notice wiki. Or elle avait déjà créé Heidi et avant elle le Heimatlos...

Je ne sais plus où sont passés mes livres de Heidi. Je crois avoir tout lu, au moins ce qui a été traduit en français. On peut télécharger Heidi gratuitement. Voilà ce que nous apprend Google.( Monique m'a envoyé un lien pour tenter de comprendre pourquoi les noms de pays étaient féminins ou masculins. Qu'elle en soit ici remerciée. Etonnante encyclopédie que fabriquent les uns et les autres...)

Et Louise Bourgeois alors? Une heimatlos! Encore une.
J'ai aimé ses mouchoirs brodés et son usage immodéré du fil rouge.
C'est lui qui relie ensemble la punkitude du groupe français des années 80 à la petite Heidi et à ma mère, la nostalgique de Suisse. Lui qui serpente comme une écriture sur les bonzoms.


Lui, ce fil orphelin, qui me ramènera vers la mer, au large de Brest, entre Molènes et Ouessant.

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