Sylvie Durbec,
En résidence à la Maison de la Poésie de Rennes

mercredi 16 janvier 2013

Le vent, Marseille et les ex-votos



Aucun rapport entre le vent, glacé qui souffle sur la plaine, et les ex-votos de la Chapelle du Verger, près de Cancale ?
Sans doute.
Si ce n'est que ce matin, le ciel a ce bleu que l'on retrouve dans la peinture de la mer, sur ces petits tableaux (il en existe des grands) dont le souvenir est vivace au point que j'ai commencé une série.
Après les bonzoms, les ex-votos?
En fait, les deux trouvent leur origine dans Marseille.
Notre Dame du Verger comme Notre Dame de la Garde, si elle est plus modeste, se tient face à la mer.
Marseille est aussi un pays de marins et de pêcheurs. la mer, l'amie, l'ennemie.
Devant les ex-votos, on reste sans voix. On regarde.
Et tout cela se relie et prend sa source dans l'enfance marseillaise, plus exactement.


Il est de coutume de se rendre à Notre Dame de la Garde dès qu'une prière, une douleur, une inquiétude taraudent les habitants de la ville. Ma mère n'a pas dérogé à la règle. Elle a même poussé le zèle jusqu'à monter les derniers escaliers à genoux. En tout cas, c'est ce qu'elle me racontait pour m'impressionner. Mais j'étais déjà un peu rebelle, n'y croyant qu'à moitié.  La Bonne Mère, si j'y vais encore, c'est surtout pour regarder de là-haut Marseille, les îles et la mer. Et aller voir les ex-votos.

Ce que j'aimais, ce que j'aime toujours pourtant, moi qui ne crois qu'en les petits dieux, ce sont les ex-votos de forme diverse qui sont dans l'église. Dans la crypte aussi. Maquettes de bateaux, tableautins, jambes de bois ou encore dessins, plaques de marbre gravées. J'aimais beaucoup cette expression populaire de la vie sauve. Naufrages auxquels on a échappé, maladies dont on est revenu, expéditions, guerres, accidents. De voir ces objets suspendus comme des mobiles de Calder m'a toujours plu. Il y avait là un paganisme que je voudrais voir encore. Il y en a de récents, souvent moins tendres, moins naïfs. Le monde change. Les ex-votos en dressent l'évolution.


Sans doute le Mucem abritera ces expressions d'art populaire. Marseille est superstitieuse. Comme l'était ma mère qui s'entourait de grigris. Et voilà que les suivant l'une et l'autre, revenant de la ville-merveille qu'est pour moi Marseille, je me suis mise tout naturellement à dessiner quelques ex-votos pour remercier les petits dieux de me laisser encore un peu de temps pour les sans patrie et les bonzoms.
Et écrire ici, alors que le temps presse.
Le temps?


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