Sylvie Durbec,
En résidence à la Maison de la Poésie de Rennes

lundi 7 janvier 2013

Beaucoup meurent tout le temps




En attente.
Nous lisons.
Nous dormons.
Et recommençons.

Parfois nous faisons du feu.
Parfois le vent si fort, encore ce matin a pulsé contre la maison, les arbres.
A repoussé la joie.
Comme si rien, comme si tout.

Signaux éphémères.
On attend. On regarde du côté de la mer. Vers le sud, ici.
Au nord paysage délicat du Japon rêvé. L'or du soleil sur les branches et le ciel très clair.
On attend.

On lit la mort des gens.
Alain Suied est mort en 2008.
Godeleine, la soeur de Ludovic Degroote avait 18 ans
quand elle est morte en Angleterre
simplement brûlée vive
écrit son frère.
Beaucoup meurent tout le temps. Dans le journal on dit: en Inde et Loire un père tue ses deux enfants et lui.
Il y a une erreur.
C'est elle que je lis d'abord.
Idiote.
Je repense aux éléphantes tuberculeuses, aux éléphants morts le long d'une voie de chemin de fer en Inde, justement.
Idiote.

La France, ma patrie (?) s'agite.
En Chine aussi, des gens se réveillent.
Le sans patrie se laisse aller ce matin.
Pas de courage pour dire.
Alors lecture des journaux.

D'autres sont en Russie à caresser dans le sens du poil d'étranges animaux.
Je me suis réveillée bien trop tôt. Je n'ai pas trouvé le souffle qui donne vie aux mots.
Tourné et retourné dans les draps propres et doux mais sans tranquillité.
Même Vladivostock n'y pouvait rien.
Me suis demandée encore une fois quand ça allait s'arrêter.
Et aussi que mon sans patrie avait l'air aussi idiot que moi.
En attente, avais-je commencé.




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