Sylvie Durbec,
En résidence à la Maison de la Poésie de Rennes

lundi 22 octobre 2012

Décombres de brume...

Sous la brume doucement les décombres.
Au-dehors ils sont là, ceux de la menuiserie.
Nimbés d'une douce blancheur humide qui les rends assez esthétiques.
Hier visite d'un lieu en chantier, où les décombres sont là et la boue, entre destruction et reconstruction, il s'agit de l'immeuble conçu par l'architecte Louis Arretche( 1905-1991) que les rennais connaissent bien.
Impression fugitive d'une ville à deux faces.
Rennes, centre ancien.
Et Rennes, à la recherche de sa propre modernité.

Nous voilà devant l'immeuble en étoile où se tient l'exposition Newway Mabilais.
Centre des télécommunications désaffecté, le bâtiment en forme de tripode est déconcertant. Anachronique. Pose la question, non seulement du paysage, mais aussi du vieillissement de l'architecture contemporaine. Arretche voulut en faire un vaisseau spatial, doté d'une soucoupe volante en haut de l'antenne hertzienne qui était nécessaire pour le Centre.
Ne peux m'empêcher de penser à Startrek.

Visite gratuite le dimanche. Nous y sommes.
Il y a des flaques d'eau. On me raconte une inondation du bâtiment récente. Je m'amuse de toutes ces flaches comme dirait Rimbaud. Verra-t-on quelque bateau ivre dans l'exposition? (De fait plusieurs artistes y auront pensé qui proposent des oeuvres liée à l'eau.)
L'accueil est bon enfant. Il y a foule. Comme pour les journées du patrimoine. Gens de tous âges et même des bébés.

Oeuvres souvent conceptuelles, à la limite d'une inactualité touchante. Si loin de la patrie portative dont je cherche partout des bribes.

Heureusement j'en trouve quelques-unes.
Mexicaine d'abord avec l'artiste Jorge Satorre. Tracés gris, ex-votos, humilité de la micro-histoire. Me suis demandée si mon ami la poète Karla Olvera le connaissait.
Troublante et américaine avec Judith Scott (1943-2005). Poupées de la folie colorées et presque malades mais sauvées par ce geste de la cacher (la maladie) en l'enrobant de rubans et de fragments de tissus. Judith Scott était sourde et muette, atteinte de trisomie 21. Textiles qui nous font du bien et nous enveloppent. Un peu. Cocons.

D'autres oeuvres textiles comme celles de Valensi (1947-1999), ancien de Support/surface.
Bretonne avec Yann Serandour et ses papiers découpés.
D'autres encore.

On aimerait poser des questions. On en pose quelques-unes à une charmante jeune gardienne. Dont nous apprendrons qu'elle est bénévole. Et aussi pleine de bonne volonté et de bienveillance. Encore la langue à triturer. Malgré les décombres, la rouille, les murs taggés, tout ici est trop propre, trop sage. Quand je regarde sur les cartels l'âge des artistes, je suis déconcertée. Si jeunes et si dociles. Enfin, c'est ce qu'il me semble. Et puis il y a des morts. De plus âgés aussi.
L'impression de voir (par moments) une copie un peu ratée de la Collection Lambert ou de quelque foire d'art contemporain...Si peu de jeu. Si peu de révolte. Je pense à l'énergique Louise Bourgeois. Elle manque ici. Elle me manque. Ses broderies, par exemple!

Alors je me demande pourquoi Judith Scott ici. Et je me réjouis de sa présence.

Dimanche prochain je serai à la Halle St Pierre retrouver mes chers Banditi dell'arte.






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